Les résultats de cette récente analyse scientifique révèlent la présence d’une substance préoccupante dans tous les types de lait consommés quotidiennement. Cette découverte, publiée par des chercheurs de l’INRAE et du CNRS, soulève des questions importantes sur notre exposition réelle à certains composés. Les données collectées concernent aussi bien les laits maternels que les produits commerciaux.

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Une Découverte Préoccupante : Du Dioxyde De Titane Détecté Dans Tous Les Types De Lait
Une nouvelle étude scientifique publiée ce mercredi 23 juillet dans la revue Science of the Total Environment révèle des résultats qui méritent notre attention. Des chercheurs de l’INRAE, de l’AP-HP et du CNRS ont détecté la présence de dioxyde de titane dans différents types de lait, une substance pourtant interdite dans l’alimentation européenne depuis 2022.
Les analyses menées sur des échantillons variés montrent que cette contamination touche un spectre large. Chez dix femmes volontaires vivant à Paris et en proche banlieue, les chercheurs ont trouvé des particules de dioxyde de titane dans le lait maternel, avec des variations importantes d’une personne à l’autre : certaines femmes présentaient jusqu’à 15 fois plus de particules que d’autres.
Cette découverte prouve que la substance peut franchir la barrière de la glande mammaire, un mécanisme biologique que nous commençons mieux à comprendre. Mais l’étude va plus loin : 100% des laits animaux analysés – qu’ils proviennent de vaches, d’ânesses ou de chèvres, issus de l’agriculture biologique ou conventionnelle – contenaient également ces particules. Du côté des laits infantiles du commerce, 83% des échantillons testés, du premier au troisième âge, se révélaient concernés.
Ces résultats soulèvent naturellement des questions sur les sources actuelles d’exposition, particulièrement quand nous savons que cette substance est désormais bannie de notre alimentation.

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Le Dioxyde De Titane : Un Additif Omniprésent Malgré Son Interdiction Alimentaire
Pour comprendre cette situation apparemment paradoxale, il faut revenir sur l’histoire de cette substance. Le dioxyde de titane a longtemps été massivement employé dans une multitude de produits de notre quotidien : dentifrices, crèmes solaires, médicaments, plastiques, maquillage, papier, peintures. Dans l’alimentation, il servait de colorant blanc et d’opacifiant sous la dénomination E171.
Cette omniprésence explique en partie pourquoi nous retrouvons encore aujourd’hui des traces de cette substance dans notre environnement. Cependant, les autorités sanitaires ont pris des mesures de précaution progressives. Dès 2006, le dioxyde de titane a été classé comme cancérigène potentiel chez l’être humain par inhalation. Cette classification a conduit la France à interdire son usage alimentaire en 2020, suivie par l’Union européenne en 2022.
« Cette interdiction relève du principe de précaution », précisent les chercheurs dans leur étude. Il s’agit d’une mesure préventive prise face aux incertitudes scientifiques, non d’une preuve définitive de dangerosité. Nous savons que l’évaluation des risques liés aux nanoparticules demeure complexe et nécessite des études approfondies.
L’interdiction concerne uniquement l’alimentation, mais le dioxyde de titane reste autorisé dans de nombreux autres produits industriels et cosmétiques, ce qui pourrait expliquer sa persistance dans notre environnement.

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Des Niveaux De Contamination Variables Selon Les Sources De Lait
Cette persistance environnementale se traduit concrètement par des niveaux mesurables dans tous les types de lait analysés par l’équipe de recherche. Les données révèlent des concentrations particulièrement variables selon les sources.
Dans les laits infantiles du commerce, les scientifiques ont détecté entre 6 millions et 3,9 milliards de particules de titane par litre. Pour les laits d’origine animale, les concentrations oscillent entre 16 et 348 millions de particules par litre. Ces écarts considérables suggèrent une contamination hétérogène selon les circuits de production et de distribution.
L’étude révèle également que 100% des laits animaux analysés – qu’ils proviennent de vaches, d’ânesses ou de chèvres – contenaient des particules de dioxyde de titane. Pour les laits infantiles, ce taux atteint 83%. « Aucune différence significative n’a été observée entre les productions biologiques et conventionnelles », précisent les chercheurs, suggérant une contamination environnementale générale.
Concernant le lait maternel, les variations individuelles sont particulièrement marquées. Certaines mères présentaient jusqu’à 15 fois plus de particules que d’autres, démontrant que le dioxyde de titane peut traverser la barrière de la glande mammaire. Cette capacité à franchir les barrières biologiques confirme les travaux antérieurs qui avaient déjà établi que ces nanoparticules pouvaient passer le placenta.
Ces résultats quantitatifs offrent désormais une base scientifique solide pour évaluer l’exposition réelle des populations les plus vulnérables.

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Une Contamination Qui Questionne Les Sources D’Exposition Actuelles
Ces données chiffrées soulèvent une question fondamentale : comment expliquer cette contamination généralisée alors que le dioxyde de titane est interdit dans l’alimentation depuis plusieurs années ? Les chercheurs évoquent « l’existence d’une contamination autre » qu’alimentaire pour expliquer cette persistance.
Cette hypothèse ouvre plusieurs pistes d’investigation. Le dioxyde de titane reste massivement utilisé dans les produits du quotidien – dentifrices, cosmétiques, médicaments, plastiques – et pourrait contaminer l’environnement par d’autres voies. Les particules pourraient ainsi se retrouver dans la chaîne alimentaire via la contamination des sols, de l’eau ou de l’air.
L’étude révèle également l’ampleur de l’exposition humaine. « Cet état des lieux reflète le niveau d’exposition des nouveaux-nés et des mères, mais également des consommateurs adultes de lait », soulignent les scientifiques. Cette contamination concerne donc toutes les tranches d’âge, des populations les plus vulnérables aux adultes.
Face à ce constat, les chercheurs de l’INRAE, de l’AP-HP et du CNRS appellent à poursuivre les investigations. Leur objectif : « mieux évaluer l’impact de ce relargage massif du dioxyde de titane sur les êtres vivants ». Ces travaux serviront de base à de futures études de toxicité, permettant d’évaluer les risques réels pour la santé humane.
Cette approche scientifique progressive vise à transformer l’incertitude en connaissance, condition nécessaire pour adapter les mesures de protection si besoin.