Une Première Française Qui Redonne Espoir
À 41 ans, Alban devient le premier patient français à bénéficier d’une thérapie cellulaire révolutionnaire contre le cancer du poumon avancé. Cette technique innovante, les lymphocytes T clonaux réactifs aux néo-antigènes (cNeT), utilise les propres cellules immunitaires du patient pour combattre la tumeur. Ce qui rend cette avancée particulièrement prometteuse, c’est le processus complexe qui transforme les cellules du patient en véritables armes anti-cancer grâce à l’intelligence artificielle. Cette première française ouvre une nouvelle voie thérapeutique pour les patients qui n’ont pas répondu aux traitements conventionnels.

Une Première Française Historique : La Thérapie cNeT Contre Le Cancer Du Poumon
Le 24 janvier dernier, Alban, 41 ans, est entré dans l’histoire de la médecine française. Premier patient hexagonal à bénéficier d’une thérapie cellulaire révolutionnaire contre le cancer du poumon, il a ouvert la voie à un traitement inédit : les lymphocytes T clonaux réactifs aux néo-antigènes (cNeT).
Cette première mondiale française s’est déroulée à l’hôpital Lyon Sud, seul site français autorisé à proposer ce protocole dans le cadre de l’essai clinique international CHIRON. Une collaboration étroite entre les services de pneumologie, chirurgie, hématologie, réanimation et pharmacie a rendu possible cette avancée majeure.
« C’est une étape très encourageante pour la lutte contre le cancer du poumon », a déclaré le Pr Sébastien Couraud, pneumologue aux HCL et investigateur principal de l’essai CHIRON à Lyon. Cette thérapie cellulaire, menée par Achilles Therapeutics depuis Londres, représente un espoir inédit pour les patients atteints de cancers pulmonaires avancés.
Alban a regagné son domicile le 7 février, après une procédure qui s’est « très bien déroulée » selon le Pr Couraud. Au moins quatre autres patients devraient accéder à cette thérapie dans les prochains mois aux HCL, confirmant l’engagement du CHU lyonnais dans cette révolution thérapeutique.
Il est fatigué mais la procédure s’est très bien déroulée, précise l’équipe médicale à propos d’Alban.

Le Processus Révolutionnaire : Quand Les Cellules Se Transforment En Armes Anti-Cancer
Derrière le succès d’Alban se cache une révolution scientifique inédite. La thérapie cNeT transforme les propres défenses immunitaires du patient en armes personnalisées anti-cancer. Les lymphocytes T, ces globules blancs naturellement présents dans la tumeur pulmonaire, sont prélevés puis « éduqués » in vitro pour devenir des chasseurs de cellules cancéreuses.
Le processus débute par un prélèvement tumoral et sanguin sous anesthésie générale. Les échantillons sont ensuite transférés vers les laboratoires d’Achilles Therapeutics au Royaume-Uni, où commence la transformation. Les lymphocytes T sont isolés tandis que les cellules dendritiques du sang sont extraites.
L’étape cruciale repose sur une technologie de pointe : le séquençage de l’ADN tumoral et du patient, couplé à un outil d’intelligence artificielle capable d’identifier les néo-antigènes spécifiques à chaque tumeur. Ces « marqueurs » uniques rendent la tumeur vulnérable aux immunothérapies.
Une fois les néo-antigènes synthétisés, ils sont « co-cultivés » avec les cellules T et dendritiques, puis produits en grande quantité. Ces cellules cNeT reprogrammées deviennent capables de reconnaître et détruire exclusivement les cellules tumorales du patient.
« Nous avons pu franchir cette étape parce que nous avons collaboré ensemble, avec les compétences de différentes équipes », souligne le Pr Couraud. Cette prouesse technologique nécessite néanmoins un protocole d’une complexité inédite.

Un Protocole Complexe De Plusieurs Mois : Les Coulisses D’un Traitement D’exception
Cette complexité se traduit par une procédure marathonienne qui met à l’épreuve patients et équipes médicales. « Il s’agit d’une procédure éprouvante qui s’étale sur plusieurs mois », confirme le Pr Couraud. Le protocole exige une condition physique optimale et ne concerne que des patients n’ayant pas répondu aux traitements conventionnels.
L’intervention chirurgicale constitue le premier défi majeur. Sous anesthésie générale, le chirurgien, spécialement formé au protocole, prélève un fragment tumoral important. Simultanément, les anesthésistes réalisent une prise de sang dans une poche spécifique. Les attachés de recherche clinique coordonnent chaque étape, conditionnent les prélèvements selon des règles strictes avant leur transfert vers le Royaume-Uni.
Pendant la fabrication des cellules cNeT, le patient poursuit ses traitements habituels. Mais la phase critique commence avec la ré-injection. Quelques jours avant l’administration, une chimiothérapie de lymphodéplétion détruit les lymphocytes du patient pour créer un environnement favorable aux nouvelles cellules.
L’injection finale se déroule obligatoirement en réanimation, six jours après la lymphodéplétion. Les risques d’effets indésirables graves imposent une surveillance maximale. Le patient reçoit ensuite des injections d’interleukines pour stimuler son système immunitaire.
Pour Alban, ce parcours du combattant s’est soldé par un succès : 14 jours d’hospitalisation seulement avant sa sortie, surveillé désormais chaque semaine par l’équipe du Pr Couraud.

Lyon, Capitale Européenne Des Thérapies Cellulaires : 300 Patients Déjà Traités
Ce succès d’Alban s’inscrit dans une expertise lyonnaise qui rayonne bien au-delà du cancer du poumon. Depuis 2017, les HCL ont bâti leur réputation de pionnier européen des thérapies cellulaires, débutant par les CAR-T cells contre les cancers du sang.
Le bilan parle de lui-même : plus de 300 patients traités par CAR-T cells aux HCL, dont trois enfants en 2022. Cette performance place Lyon parmi les centres de thérapie cellulaire les plus importants d’Europe. Un leadership conquis dès 2017 quand le service d’hématologie clinique devenait le premier en France à tester ces cellules révolutionnaires dans le cadre d’une étude internationale.
La reconnaissance scientifique internationale confirme cette excellence. L’an dernier, le Pr Emmanuel Bachy, hématologue aux HCL, publiait un article dans la prestigieuse revue Nature Medicine sur l’étude DESCAR-T. Ce registre national suit les patients traités par cellules CAR-T pour mieux caractériser leur efficacité et tolérance à court et long terme.
Cette expertise multidisciplinaire explique pourquoi Lyon a été sélectionné comme unique site français pour l’essai CHIRON. « Nous avons pu franchir cette étape parce que nous avons collaboré ensemble, avec les compétences de différentes équipes », souligne le Pr Couraud.
Quatre autres patients devraient bénéficier de cette thérapie cNeT dans les prochains mois, consolidant le leadership français dans cette révolution thérapeutique.